Améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle grâce à l'équité entre les sexes et sans préjudice des droits des mineurs dans la Commune I de Niamey

commune I de Niamey (villages de Kosseye, Gabougoura et Groubanda)

Période : 2021 – 2023

Bailleurs : Agence Espagnole de Coopération Internationale et de Développement (AECID) via l’ONG CONEMUND

Résumé Du Projet

En conformité avec la politique d’évaluation de l’Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID), cette évaluation met en évidence l’importance vitale des différentes évaluations réalisées dans le cadre du projet d’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les mesures rigoureuses des effets à court terme, des impacts à moyen terme et de la durabilité à long terme ont fourni des informations cruciales sur l’étendue de l’influence du projet. De même, l’analyse détaillée du niveau de réalisation des résultats, l’étude minutieuse des indicateurs quantitatifs et qualitatifs, ainsi que l’examen approfondi des activités menées ont permis d’établir un portrait complet des réalisations accomplies, des défis rencontrés et des nombreuses opportunités saisies. De plus, les partenariats stratégiques développés avec d’autres acteurs clés, les enseignements éclairants tirés de l’expérience acquise et les recommandations judicieuses formulées mettent en lumière les aspects clés qui nécessitent une attention particulière afin de consolider les résultats obtenus et de garantir un impact durable. Par conséquent, ce résumé souligne l’importance cruciale de cette évaluation finale pour guider les décisions et les actions futures, ainsi que pour maximiser l’efficacité et la viabilité du projet dans le temps. Il ne fait aucun doute que les enseignements tirés de cette évaluation approfondie ouvriront la voie à une amélioration continue et à une sécurité alimentaire et nutritionnelle optimisées pour tous les bénéficiaires du projet.

Le projet « Améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle grâce à l’équité entre les sexes et sans préjudice des droits des mineurs dans la Commune I de Niamey » entre dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (1, 2, 3, 4 et 5) ODD : 1 « Réduire l’extrême pauvreté », 2 « la faim Zéro », 3 « Bonne santé et bien-être », 4 « Éducation de qualité » et 5 « Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». Au plan national, il s’inscrit dans le cadre des programmes opérationnels du nouveau Plan quinquennal 2021-2026 qui est une partie intégrante du PDES 2022-2026. Les objectifs du projet cadrent aussi avec le Plan de Développement Communal (PDC) de la commune I sur l’axe portant sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des personnes vulnérables. L’objectif du projet entre également en cohérence avec la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle au Niger (2016-2025) qui vise à éliminer toutes les formes de malnutrition au travers d’une large mobilisation multisectorielle de ressources institutionnelles, humaines et financières. À ceux-là s’ajoutent d’autres politiques de l’État comme le Programme d’Urgence de Développement (PDU) du G5 Sahel lancé en 2019 à travers quatre (4) projets qui visent à éradiquer l’extrême pauvreté et à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. En ce qui concerne le volet éducation, le déroulement des centres passerelles cadre avec la loi n° 98-12 du 1er juin 1998 portant orientation du système éducatif nigérien et ses décrets d’application.

Des contraintes en termes de temps et de disponibilités de certains groupes cibles ont jalonné la collecte des données sur le terrain. Pour optimiser le temps, la démultiplication des compétences des personnes ressources ainsi que leur organisation en équipe furent adoptées comme solutions. Pour la disponibilité des acteurs, nous avons opté pour les entretiens téléphoniques ou par mail, bien sûr avec une administration indirecte.

Le bilan de la performance du projet fait état de la pertinence des approches adoptées, de la cohérence des produits du projet, de la réalisation des activités planifiées pour la période, de l’utilisation optimale des ressources, et des changements et impacts notables du projet sur la vie des bénéficiaires. Les principaux changements apportés par le projet au niveau de la vie des bénéficiaires sont : le renforcement de leurs capacités, l’adoption de spéculations variées et adaptées au changement climatique, le développement de partenariats, en particulier avec les commerçants, l’augmentation significative des revenus des bénéficiaires et la diversification du secteur d’activité, notamment les activités génératrices de revenus (AGR).

Le projet a une excellente performance financière avec un bon taux de décaissement et d’engagement. Cette expérience a dégagé de bonnes pratiques et enseignements qu’on peut utiliser et capitaliser dans des projets similaires futurs. La présente étude recommande cependant de prévoir à l’avenir une durée de mise en œuvre d’au moins 36 mois calendaires afin de permettre de mesurer l’impact réel du projet.

Ce projet est mis en œuvre dans le 1er arrondissement communal de la communauté urbaine de Niamey, respectivement dans les villages de Kosseye, Gabou Goura et Goroubanda. Ce projet intervient dans un contexte d’insécurité alimentaire et nutritionnelle où les femmes disposent de peu ou pas de capacité financière et sont moins impliquées dans les prises de décisions au niveau communautaire et familial. Ainsi, ce projet intervient pour améliorer d’une part la sécurité alimentaire et nutritionnelle avec une approche de genre et, d’autre part, l’amélioration significative des conditions de vie, y compris la santé dans les trois villages, en augmentant la production et la distribution de produits agricoles. L’étude prend en compte le volet de l’éducation non formelle afin d’être plus inclusive et durable.

L’objectif général de cette évaluation est de faire le point sur les réalisations du projet et de déterminer le degré de conformité avec les objectifs fixés sur la base des critères d’évaluation qui permettent d’évaluer le niveau de réalisation des objectifs, des résultats et des indicateurs du projet ; d’identifier les bonnes pratiques, les leçons apprises et les domaines à améliorer et, enfin, de formuler des recommandations pertinentes pour améliorer les interventions futures et la durabilité du projet.

Les changements climatiques et leurs impacts sont reconnus comme l’un des plus grands défis du monde. En ce qui concerne la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les impacts des changements climatiques sont les baisses des disponibilités alimentaires consécutives aux baisses de productions agricoles et la hausse des prix des produits de première nécessité.

Le Niger couvre une superficie de 1 267 000 km² avec une population estimée à 20,5 millions d’habitants en 2021 (INS, 2021). 84 % de la population vit en milieu rural et 44,5 % vit dans la pauvreté, dont 51,4 % en milieu rural, 10,8 % dans les zones urbaines et 5,3 % à Niamey (coopération Niger – UNICEF, 2021). Les trois quarts de sa superficie sont situés en zone saharienne. Le potentiel en terres agricoles est estimé à 150 000 km², ce qui représente environ le huitième de la superficie totale du pays. Seuls 40 % de la superficie agricole utile sont mis en culture. Les superficies pâturables, au plan national, sont évaluées à environ 60 millions d’hectares.

Le Niger enregistre un taux de croissance de 3,9 % et un Indice Synthétique de Fécondité de 7,6 enfants par femme. Avec ce taux d’accroissement, cette population serait de 34 123 841 habitants en 2030. Les femmes représentent 50,6 % de la population, et plus de 50 % ont moins de 15 ans (INS, 2022).

En matière de malnutrition, les résultats récents de l’enquête nationale de nutrition (SMART), réalisée en octobre 2022, confirment que la situation nutritionnelle demeure préoccupante. Le taux de malnutrition aiguë globale est de 12,2 % (contre 12,5 % en 2021), dont 2,4 % souffrent de malnutrition aiguë sévère et 9,8 % de malnutrition aiguë modérée (OCHA 2022).

Près de 300 000 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë sévère ont été admis entre janvier et septembre 2021 pour traitement (soit 62 % de la cible annuelle), dont 12 % de cas avec complications médicales. Sur la même période, 275 000 enfants de 6 à 23 mois ont été traités pour la malnutrition aiguë modérée avec l’appui du Programme alimentaire mondial (rapport OCHA 2022).

Sur le plan économique, le taux de croissance de l’économie nigérienne est de 11,5 % en 2022 (rapport de la Banque mondiale, 2022). De manière générale, les hommes et les femmes sont présents dans tous les secteurs économiques, en milieu rural comme en milieu urbain. Plus spécifiquement, les femmes se limitent aux activités primaires à faible budget, contrairement aux hommes qui investissent dans les activités de production rentables et mieux rémunérées. Dans le domaine de l’agriculture pluviale, les femmes participent essentiellement au processus de production, mais sont moins présentes dans la gestion des produits agricoles et dérivés. Au niveau de l’agriculture irriguée, les femmes pratiquent plus le maraîchage, mais le plus souvent sur des parcelles de petites superficies.

Pour ce faire, il est nécessaire d’aider les populations à améliorer leur production grâce à la formation et à l’acquisition de pratiques agroécologiques innovantes et adaptées aux changements climatiques.

C’est dans ce contexte que les partenaires au développement appuient les efforts de l’État en matière de prévention et de gestion de l’insécurité alimentaire, de lutte contre la pauvreté et de renforcement de la résilience des communautés à la base à travers les différents projets mis en œuvre.

C’est dans ce sens que le projet « Améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle grâce à l’équité entre les sexes et sans préjudice des droits des mineurs dans la Commune I de Niamey » est initié et mis en œuvre par le CONEMUND, RESEDA et l’ONG CDR dans la commune I, spécifiquement dans les villages de Kosseye, Gabou Goura et Gorou Banda, sur un budget total de 144 443 627 FCFA sous financement de l’AECID.

Ce projet a été initié pour contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle avec une approche de genre et de droits de l’enfant, et à l’amélioration significative des conditions de vie dans la Commune I, en augmentant la production et la distribution de produits agricoles, le rétablissement des activités d’élevage, et l’accès à une éducation équitable.

Objectif général :
Contribuer à l’amélioration de la résilience des populations vulnérables de Niamey face à la crise multidimensionnelle.

Objectif spécifique :
Améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en protégeant les droits des femmes et des enfants dans la Commune I.

Résultats du projet :

  • Le système de prévention des crises alimentaires est renforcé dans les 3 villages ;

  • L’autonomie économique de 328 femmes est promue dans les 3 villages ;

  • La production agricole et animale est redynamisée dans les 3 villages ;

  • Le travail des enfants est réduit grâce à la promotion du droit à l’éducation ;

  • La ligne de base, les ateliers de lancement et de clôture, ainsi que le Comité de suivi, composent ce résultat.

Activités

Réalisation d’une ligne de base

Cette étude se fera à travers une enquête de terrain au niveau des trois villages. Elle permettra de collecter des données de base relatives aux domaines d’intervention du projet, notamment la sécurité alimentaire/nutritionnelle et l’éducation.

Réalisation d’un atelier de lancement du projet

Cette activité du projet sera présidée par le Maire de l’arrondissement communal Niamey I, en présence des chefs de village, des chefs religieux, des bénéficiaires et des partenaires techniques et financiers du projet.
Il a pour objet de partager et d’informer tous les acteurs sur la vie du projet (les résultats attendus et les activités prévues).

Création de 3 banques céréalières selon la réglementation locale

Pour prévenir l’absence de stocks d’avril à septembre, qui constitue l’une des principales causes d’insécurité alimentaire dans la zone, trois banques céréalières de 50 m² seront installées pour le stockage des céréales, une par village sélectionné. L’achat de céréales sera réalisé au moment où les prix sont les plus bas (de novembre à février), afin de les stocker jusqu’à la période de pénurie où les prix augmentent. La vente céréalière sera réalisée aux prix d’acquisition, au profit des femmes des GIE et de leurs familles, spécialement durant la période de pénurie.

Le projet garantira également l’achat du premier stock de céréales (20 tonnes par banque), représentant environ 120 jours de stock. La mairie de la commune contribuera avec de la main-d’œuvre pour la construction et une tonne de céréales par banque.

Une étude sera réalisée afin de déterminer l’emplacement des banques.

Création de comités de gestion des banques et formation en gestion de banques

Un comité de gestion spécifique sera créé pour chaque banque céréalière dans chaque village. Il sera composé de 6 femmes (1 présidente, 1 trésorière en charge de l’enregistrement des opérations de stockage, de retour et de prêts, 2 responsables de l’entrepôt et 2 personnes d’appui à toutes les activités), membres des GIE bénéficiaires. Soit un total de 18 femmes, 6 par village.

En outre, le comité de gestion sera formé au bon fonctionnement de la banque céréalière selon la réglementation locale, comprenant les modules suivants : aspects généraux et fonctions de chaque poste, élaboration du règlement intérieur, méthodologie d’enregistrement et gestion du système, achat, vente, calcul du prix de vente optimal, traitement phytosanitaire, stockage adéquat.

Pour réussir, une gestion correcte du stock est essentielle afin d’éviter les pertes dues aux ravageurs post-récolte, impayés, etc.

Sélection et formation de 9 agents communautaires de santé

Pendant 4 jours, 9 agents communautaires (3 par village) seront identifiés et formés afin d’assurer ultérieurement la sensibilisation de la population, la détection de la malnutrition, la diffusion des pratiques essentielles de nutrition, et la promotion de l’hygiène et de l’assainissement (alimentation nutritionnelle complémentaire pour les nourrissons, femmes enceintes et allaitantes de 15 à 49 ans, valorisation des produits locaux à forte valeur nutritionnelle, prévention des maladies liées à l’eau : diarrhée, choléra, etc.).

Les services techniques de santé de la Commune I seront fortement impliqués dans l’identification des agents.

Suivi de la malnutrition et sensibilisation de la population sur les bonnes pratiques nutritionnelles

Suite à la formation, les agents sont chargés de diffuser les bonnes pratiques nutritionnelles et hygiéniques, et d’assurer le suivi de la malnutrition dans les trois villages.

À partir du mois suivant la formation, tous les trois mois (mois 3, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24), les agents visitent les ménages bénéficiaires dans les trois villages et réalisent un test pour détecter et suivre la malnutrition. Ils animent également des sessions d’information sur les 13 thèmes de bonnes pratiques nutritionnelles et d’hygiène prévus. Des démonstrations culinaires à base de produits locaux à haute valeur nutritionnelle seront également organisées.

Redynamisation et équipement de 3 groupes de femmes avec des unités de transformation alimentaire

L’équipe du projet organisera deux sessions de formation de 3 jours au début de chaque année d’intervention, pour les 3 GIE, afin de dynamiser les groupes, établir les droits et devoirs de chaque membre, et créer des comités de gestion pour les activités planifiées.

En outre, un comité de commercialisation est créé dans chaque GIE. Avec l’aide de l’équipe projet, il est chargé de trouver des clients et de vendre les produits transformés. Les acheteurs ciblés sont les habitants des villages, les petits commerces voisins, ainsi que les grossistes qui écoulent les produits sur les marchés de Niamey.

À Gabou Goura et Gorou Banda, une unité de transformation (UT) de produits secs (millet, maïs, arachide, taupi, etc.) est installée par village, ainsi qu’une unité de séchage solaire pour les produits de l’agriculture irriguée (horticoles). À Kosseye, une UT de produits secs est mise en place.

Les matières premières nécessaires au démarrage des activités de transformation sont fournies aux 3 groupes.

Formation des femmes sur les techniques modernes de transformation et de stockage des produits agroalimentaires

Une formation de 4 jours par an est organisée pour 3 participantes par GIE, portant sur les modules suivants :

  • Stockage et équipement des matières premières

  • Transformation et valorisation

  • Emballage et étiquetage des produits transformés

  • Stockage du produit final

  • Commercialisation

  • Hygiène alimentaire

  • Utilisation et entretien corrects des équipements et des machines

La première année, la formation est assurée par un spécialiste de la transformation agroalimentaire (Fadima Karimou, femme transformatrice, propriétaire de l’entreprise Soudji Da Gomni à Saga, Niger). La deuxième année, elle est assurée par l’équipe projet. Les femmes formées transmettent ensuite les connaissances acquises aux autres membres de leur groupe, avec l’appui continu de l’équipe projet et des services techniques de l’agriculture (1 jour par mois), ainsi qu’à l’aide d’outils de soutien (tutoriel didactique en langue locale créé par le formateur). L’équipe projet est chargée de rédiger un rapport d’évaluation des formations en cascade.